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glicisent forcément, malgré le grand consulat français et les innombrables légions de Grecs avides ; malgré le sable, les moustiques, les punaises et la saleté ; malgré les vents de l’Inde et les voleurs de Chypre.

La Compagnie péninsulaire et orientale sera la souveraine de l’Égypte ; cette compagnie-là ou toute autre qui fera de l’Égypte un grand chemin. Elle est une des étapes de la route de l’Inde, et les temps sont proches où elle ne sera ni la plus laborieuse ni la moins agréable de nos étapes. Le chemin de fer d’Alexandrie à Suez appartient au vice-roi d’Égypte, mais ses voyageurs sont les Anglais de l’Inde et son trésorier est une compagnie anglaise.

Malgré tout, je ne conseillerais à aucun de mes amis de faire un long séjour à Alexandrie.

Bertram et Wilkinson ne s’y arrêtèrent pas, et poussèrent rapidement jusqu’au Caire. Ils virent, bien entendu, le phare et la colonne de Pompée, — l’aiguille de Cléopâtre et les fouilles les plus récentes. Ils s’amusèrent aussi à noter pendant quelques instants le contraste entre les voyageurs qui se rendaient dans l’Inde et ceux qui en arrivaient : les premiers se composaient généralement de jeunes gens jouissant de leur liberté nouvellement acquise, ou de jeunes filles en quête de maris, et débutant dans un monde qui leur semblait plein de promesses ; les autres, aux visages moroses et désappointés, revenaient surchargés de bébés et encombrés de bonnes d’enfants ou de nourrices au teint jaune portant des anneaux d’argent à leurs pieds.