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C’est passé maintenant. Va, George…, va… pars, toi, mon seul amour ; mon bien-aimé ; toi qui devais être à moi, et que j’ai perdu pour toujours, — toujours, — toujours. Partez, George. C’est fini maintenant. J’ai été faible, vile, et lâche, et indigne de votre chère mémoire. Mais cela n’arrivera plus. Tous ne rougirez pas de m’avoir aimée.

— Mais, perdre votre amour !

— Vous n’aurez pas à rougir de m’avoir aimée, et moi je ne rougis pas non plus de vous avoir donné mon cœur. Allez, George ; et rappelez-vous ceci : plus nous mettrons de distance entre nous, — plus longtemps nous resterons séparés, — mieux cela vaudra pour nous. Là… là… partez maintenant. J’ai du courage à présent, cher, bien cher George.

Il prit dans ses deux mains les mains qu’elle lui tendait, et la regarda longuement sans parler. Puis, par un mouvement rapide et vigoureux, il la rapprocha de lui, la serra sur son cœur, et imprima sur son front un long et tendre baiser. Puis il la quitta, et gagna rapidement la porte du salon sans se retourner.

— Pardon, monsieur, lui dit John qu’il rencontra tout juste sur le palier, il me semble que milady a sonné.

— Lady Harcourt n’a pas sonné. Elle n’est pas très-bien, et vous ferez mieux de ne pas la déranger, dit Bertram en s’efforçant de paraître tout à fait à son aise.

— C’est bon, monsieur ; alors, je redescends ; et, en disant ces mots, John suivit George Bertram jusque dans le vestibule, et lui ouvrit fort poliment la porte de la rue.