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gnait de retourner dans une maison où sa présence n’était pas souhaitée. Pendant quinze jours, il échoua dans toutes ses tentatives. Il vit plusieurs fois lady Harcourt, mais toujours dans des conditions qui interdisaient toute conversation intime. Au bout de ce temps, la fortune se montra propice — ou cruelle, si on l’aime mieux — et il réussit à se trouver seul avec elle.

Elle était assise à part, et, quand il s’approcha d’elle, elle semblait occupée à examiner des gravures dans un portefeuille.

— Ne vous fâchez pas, dit-il, si je vous prie de m’écouter pendant quelques instants.

Elle continua à retourner — mais d’une main plus lente — les gravures placées devant elle. Bien que son regard y demeurât fixé, George aurait, pu voir, s’il avait osé lever les yeux sur elle, que sa pensée était ailleurs. Il aurait pu remarquer aussi que sa physionomie ne trahissait aucune colère. Son cœur s’était adouci depuis le soir où elle lui avait adressé des reproches, car elle s’était rappelé que lui aussi avait eu de grands griefs. Pourtant elle ne répondit pas à la demande qu’il lui adressait.

— Vous m’avez dit que j’avais été implacable, poursuivit-il, je viens maintenant vous supplier de n’être point impitoyable à votre tour ; — je veux dire, si je suis cause que vous êtes… que vous êtes moins heureuse que vous n’auriez dû l’être…

— Moins heureuse ! interrompit-elle ; mais il n’y avait plus dans sa voix cet accent de mépris avec le-