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tif et écoutées avec une apparente indifférence. Même devant elle des mots désobligeants avaient été prononcés ; et alors Caroline s’était retournée vers son amie, avec un sourire amer, comme pour lui dire : « Voyez ce que c’est que d’être la femme d’un homme si considérable, d’un si grand personnage ! Quel beau mariage j’ai fait là ! » Mais, bien que ses regards parlassent ainsi, aucune plainte ne s’échappait de ses lèvres, — ni aucune confidence.

Nous avons dit que sir Henry semblait voir avec satisfaction les visites de Bertram. Cela dura ainsi jusqu’à la grande soirée que donna lady Harcourt à la veille du départ d’Adela. Ce soir-là, Adela crut voir passer un nuage plus sombre que d’ordinaire sur le front du solliciteur-général quand son regard s’arrêta sur le canapé où sa femme se tenait assise. Bertram était debout derrière Caroline, mais placé de façon à pouvoir se faire entendre d’elle, même en parlant bas.

Alors, l’idée vint à Adela qu’elle pourrait dire quelques mots à ce sujet à Bertram, bien qu’il lui fût impossible d’en parler à Caroline. Il y avait eu entre George et elle une sorte d’échange de confidences, et s’il était quelqu’un au monde à qui elle pouvait se croire le droit de parler librement, c’était lui. Chacun d’eux connaissait, jusqu’à un certain point, le secret de l’autre, et il y avait entre eux confiance entière.

Si elle voulait lui parler, elle devait le faire ce soir-là même. Il était probable qu’ils ne se reverraient plus avant son départ. La maison des Harcourt était la