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Adela Gauntlet était présente à toutes ces entrevues, et du fond du cœur elle les blâmait sans réserve, mais elle ne pouvait rien en dire à Caroline. Elles avaient été amies — de bonnes et véritables amies — mais depuis quelque temps Caroline était devenue de pierre pour Adela. Cette visite avait été promise depuis longtemps, — depuis bien longtemps, car c’était à madame George Bertram qu’elle avait dû être faite dans l’origine. Chacun sait comment de telles promesses survivent à leurs causes. Caroline avait continué à en réclamer l’exécution longtemps après qu’elle eut compris que la présence d’Adela ne lui apporterait aucun plaisir, et celle-ci n’avait pas osé se dégager de peur de paraître infliger un blâme. Mais elle comprenait bien que Caroline Harcourt ne serait jamais pour elle Ce qu’eût été Caroline Bertram.

Lady Harcourt fit tout ce qui dépendait d’elle pour amuser son amie, mais Adela n’était pas de celles qui demandent à être amusées. S’il y avait eu confiance et épanchement entre Caroline et elle, le temps ne se serait écoulé que trop rapidement ; au lieu qu’il lui arriva, avant que le mois fût à moitié passé, de désirer se retrouver avec sa tante, fût-ce à Littlebath.

Bertram dîna deux fois chez les Harcourt, et accompagna une fois ces dames au concert, il les rencontra à la promenade dans le parc, et il leur fit une visite du matin ; enfin, il y eut une grande soirée, et il fut au nombre des invités. Caroline ne manquait jamais de dire à son mari quand elle avait vu Bertram, et, chaque