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— J’espère qu’il sera le dernier de mon temps, dit son adversaire.

— Je souhaite qu’il vive assez pour accomplir son œuvre, dit Harcourt.

— Alors Mathusalem ne serait qu’un enfant auprès de lui, dit le juge.

— Le fait est qu’il aurait du travail devant lui, s’il lui fallait mener à bonne fin son œuvre, dit M. le solliciteur-général.

La discussion continua sur ce ton. George Bertram et lady Harcourt restèrent silencieux et écoutèrent ; peut-être serait-il plus vrai de dire, qu’ils restèrent silencieux et n’écoutèrent point.

Puis à un moment donné milady Harcourt et madame Stistick se retirèrent, selon la mode barbare de leur pays. Ce ne fut qu’alors que Bertram commença à reprendre ses esprits, et qu’il se dit qu’après tout, le monde entier n’était peut-être pas mort autour de lui.

Après la discussion, vint le calme, et pendant le calme on prit le café. Le café pris, le solliciteur-général regarda sa montre et se leva précipitamment pour se rendre à la Chambre.

— Mon cher juge, dit-il, je sais que vous m’excuserez, car, vous aussi, vous avez été dans le temps un esclave parlementaire ; mais j’espère que vous irez retrouver ces dames là-haut. Quant à vous, Bertram, on ne vous pardonnerait pas de ne pas remonter au salon.

Bertram monta, en effet, au salon, afin de ne pas paraître s’esquiver lâchement de la maison. Ce fut du moins la raison qu’il se donna à lui-même. Il reparut