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— Venez dîner sans façon avec nous après-demain, dit sir Henry ; comme cela la glace se trouvera rompue. George Bertram accepta ; et, à partir de ce moment, il ne fut plus question de travail pour lui.

On était au lundi, et l’invitation était pour le mercredi suivant. Sir Henry expliqua à Bertram que, par exception, il n’aurait pas besoin d’être à la Chambre avant dix heures du soir, et il ajouta qu’au petit dîner sans façon il n’y aurait d’autres convives que M. et madame Stistick et le baron Brawl, dont la famille n’était pas encore rentrée à la ville.

— Le baron vous plaira, dit Harcourt ; il parle haut et d’un ton tranchant, mais il ne crie et ne tranche pas sans raison, comme tant d’autres. Stistick est simplement assommant. D’ailleurs, vous devez le connaître. Il est le représentant de Peterloo, et il vote avec nous à la condition que quelqu’un l’écoutera une fois par semaine à peu près. Mais le baron sera là pour lui fermer la bouche.

— Et madame Stistick ? demanda George.

— J’en ai entendu parler hier pour la première fois, et Caroline est allée la voir aujourd’hui. Ç’a été une corvée pour elle, car ils demeurent au diable, presque à la-campagne, je crois. Allons, à sept heures et demie, mercredi. Adieu, mon cher. Je devrais être depuis vingt minutes à Westminster, en présence du baron Brawl. Et, en disant ces mots, le solliciteur général s’élança dans la rue, se jeta dans une voiture et se mit aussitôt à parcourir son dossier, en dépit des cahots et du bruit des roues sur le pavé du Strand.