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l’empressement sont des qualités essentielles chez un amoureux. Mais cela avait tenu à deux causes, où le manque d’amour n’était pour rien. En premier lieu, il avait compris que, pour être pleinement heureux, il devait attendre ; ensuite, il n’avait jamais un instant douté de celle qu’il aimait. Elle lui avait dit qu’il fallait attendre, et il avait attendu loin d’elle, avec autant de sécurité que s’il l’eût vue tous les jours.

Mais il s’était fait une idée trop élevée de l’amour féminin, — de la pureté et de la sainteté des sentiments de la femme. Il avait laissé sa fiancée vivre séparée de lui pendant des mois entiers, sans craindre un instant qu’elle pût mettre sa confiance en un autre que lui. On sait ce qu’il en advint. George se sentait révolté, outragé, atteint jusqu’au fond du cœur ; mais il aimait autant, plus peut-être, qu’auparavant.

Il eût été difficile de dire au juste ce qu’il attendait ; mais il est certain que, pendant la première quinzaine qu’il passa dans la solitude à Londres, il attendit, il espéra quelque chose. Il vécut dans l’attente, tout en se disant que sa résolution était inébranlable, et que rien ne pourrait l’engager à se rapprocher de Caroline. Il espéra à son insu. Dans ce temps-là, le poids qui lui pesait sur le cœur aurait encore pu être enlevé.

Mais il n’entendit parler de rien. Nous avons vu les efforts faits en sa faveur par la compassion d’Adela. Au bout de quinze jours, ne voyant rien venir, il sortit de sa torpeur, secoua sa crinière comme un lion, et se demanda ce qu’il allait faire.

Avant tout, il ne voulait pas de mystère. À ceux de