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— Il faut savoir ce qu’on entend par respectable, dit mademoiselle Todd.

— Je croyais vraiment qu’il était si… tellement…

— Hum-m-m ! fit de nouveau mademoiselle Todd en hochant la tête.

Alors il s’engagea entre ces deux dames une petite conversation, mais à voix si basse, qu’il m’est impossible de la rapporter ici. Tout ce que j’en puis dire, c’est que mademoiselle Todd y jouait, de beaucoup, le plus grand rôle.

Quand elle fut terminée, mademoiselle Baker poussa un nouveau soupir, plus long et plus profond encore que les précédents.

— Mais, vous savez, ma chère, dit mademoiselle Todd de sa voix la plus consolante et en reprenant le diapason ordinaire de la conversation, rien ne fait plus de bien que le mariage à un homme de cette sorte.

— Vraiment ? dit mademoiselle Baker.

— Certainement ; si sa femme sait le conduire.

Et là-dessus, mademoiselle Todd s’en alla laissant à mademoiselle Baker ample matière à réflexion. Celle-ci avait complètement pardonné à son amie, mais elle sentait qu’elle ne pourrait jamais pardonner tout à fait à sir Lionel. « M’avoir trompée ainsi ! » se disait-elle en se rappelant l’idée erronée qu’elle s’était faite de sa grande « respectabilité. » Malgré tout, ce n’était peut-être pas de cette déception-là qu’elle lui en voulait le plus au fond du cœur.

Sir Lionel se sentait assez mal à l’aise quand il quitta la place du Paragon pour retourner chez lui. Il