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doit avoir un peu d’argent, à ce que je suppose. Que pourriez-vous faire de mieux que de songer à elle ? (Si mademoiselle Baker avait pu entendre son amie, combien son cœur se serait adouci envers elle !)

— Vous dites tout cela pour me mettre à l’épreuve. Je vous devine.

— Vous mettre à l’épreuve, vous ? Mais ce que je veux, au contraire, c’est que vous mettiez mademoiselle Baker à l’épreuve.

— En effet, je vais tenter une épreuve, comme vous le dites… comme vous le dites. Mais ce n’est pas avec mademoiselle Baker, et je pense que vous devez vous en douter.

Sir Lionel s’arrêta pour recueillir ses idées et embrasser d’un coup d’œil la situation, afin de reconnaître le point vulnérable sur lequel il devait diriger l’attaque. Mademoiselle Todd restait silencieuse. Elle prévoyait maintenant ce qui allait venir, et elle savait que les lois de la politesse exigeaient qu’elle laissât parler sir Lionel tout à son aise. Celui-ci rapprocha encore sa chaise, — elle se trouvait maintenant très-près de celle de mademoiselle Todd, — et commença ainsi :

— Chère Sarah !… Il serait difficile de dire comment et par quels moyens sir Lionel avait appris que mademoiselle Todd s’appelait Sarah. Elle signait toujours : S. Todd, et il ne l’avait bien certainement jamais entendu nommer de son petit nom par personne. Toujours est-il que le fait lui donnait raison. Elle avait été très-positivement baptisée du nom de Sarah.