Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

repas terminé, les invités ne se soucièrent pas de demeurer pour tenir compagnie à M. Bertram. Celui-ci se trouva donc bientôt en tête-à-tête avec sa nièce et les affaires reprirent immédiatement leur empire.

— C’est un beau mariage pour elle, dit M. Bertram.

— Je le pense, répondit mademoiselle Baker qui, au fond du cœur, n’avait jamais approuvé le mariage.

— Et maintenant, Mary, que comptez-vous faire ?

— Moi ? je vais m’occuper de faire enlever tout cet attirail, répondit-elle.

— Oui, oui, bien entendu. Mais rien ne presse ; ce n’est pas de cela que je voulais parler. Je veux savoir ce que vous allez devenir. Vous ne pouvez pas retourner vivre toute seule à Littlebath ?

Si je me servais du mot « aplatie » pour peindre l’état d’esprit dans lequel cette question de M. Bertram jeta mademoiselle Baker, je m’attirerais la juste indignation des critiques ; mais quel mot exprimerait aussi bien que celui-là ce que je veux dire ? Mademoiselle Baker avait compté fermement retourner à Littlebath, et cela aussitôt que possible. Sir Lionel n’était-il pas à Littlebath ? De plus, elle avait mis dans ses projets de s’y établir définitivement. Elle s’était avoué pourtant, qu’avant d’en arriver là, il y aurait bien des difficultés à vaincre. Son revenu, — ce qui lui appartenait en propre, — était beaucoup trop modique pour lui permettre de garder son joli appartement de l’avenue de Montpellier. Jusqu’à ce jour, Caroline et elle avaient fait bourse commune, ce qui les avait mises toutes deux fort à l’aise, car M. Bertram faisait à mademoiselle