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auprès de son jeune foyer, essuie une douce larme qui brille dans ses beaux yeux et jure au fond du cœur qu’avec l’aide de Dieu ce foyer sera pour lui le plus charmant lieu de la terre. Pourquoi donc les cloches ne sonneraient-elles pas joyeusement au jour du mariage ? Ah ! mes amis, ne comptez pas trop exactement vos six, huit, dix mille livres de rente. Engagez bravement la lutte avec le monde ; mais ayez de votre côté le travail et la sincérité, et non le mensonge et l’oisiveté.

Sir Henry et lady Harcourt allaient donc faire face au monde et lui livrer combat en se tenant par la main. Quant à l’issue de l’épreuve, on peut dire qu’il n’y avait pas de crainte à avoir. Sir Henry était un chevalier expérimenté dans les passes d’armes de la vie, et avait déjà plus que gagné ses éperons. Pour Caroline, non plus, il ne semblait pas qu’il y eût raison de craindre. Ceux qui la virent toute parée, par cette belle et froide matinée, ceux qui remarquèrent la majesté de son front, l’éclat de son regard, la grâce et la dignité de sa démarche, durent se dire que sir Henry avait bien choisi. Il avait trouvé la compagne qu’il fallait pour sa brillante carrière ; une épouse digne de sa grandeur future. Donc les cloches avaient raison de sonner à pleine volée et de lancer au loin toute leur joie.

Et maintenant les paroles sont dites, la foi est engagée. Le magique cercle d’or a fait son œuvre merveilleuse. Le prêtre sourit, et leur prend les mains à tous deux en leur donnant sa dernière bénédiction amicale. Les jeunes filles rieuses se pressent pour si-