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la vigueur viriles à la grâce et à la beauté de la femme. Le monde souriait joyeusement de son plus bienveillant sourire en ouvrant ses bras au jeune couple, qui désormais ne serait plus deux, mais bien une seule chair et un seul esprit. Elles sonnaient à pleine volée, les cloches de Hadley, les joyeuses cloches de mariage.

Et quand devaient-elles sonner plus joyeusement que pour un mariage, je le demande ? N’annoncent-elles pas alors tout ce que ce monde peut promettre de bonheur ? Qu’est-ce que l’amour, le doux et pur amour, si ce n’est la prévision, le désir naturel de cette chose-là, — de cette consommation suprême de l’amour ici-bas ?

Pour l’homme comme pour la femme, la vie ne commence réellement que du jour où, seuls enfin dans leur premier « chez eux, » ils se disent que l’agitation de la lune de miel est passée. Il semble que le véritable sens du mot mariage ne puisse jamais être compris de ceux qui, dès le début, sont entourés de tout ce que la richesse peut procurer. Il faut le salon unique, l’unique feu, les petites nécessités de dévouement, la conscience qu’il faut lutter dans l’intérêt de l’autre ; il faut un peu de ce combat avec le monde que la richesse ignore. On voudrait presque être pauvre, afin de travailler pour sa femme ; on souhaiterait presque d’être persécuté, afin de la défendre.

Lui, l’homme, en se rendant à son travail, fait serment, au fond du cœur, qu’avec l’aide de Dieu elle ne manquera de rien. Elle, de son côté, restée pensive