Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vail, le devoir, me sauveront de tout cela. Chère Adela, tâchez de voir la chose à ce point de vue. Ne me repoussez pas sans faire un effort en ma faveur. Soyez miséricordieuse… De toute façon, disait-elle en terminant sa lettre, venez me voir à Londres au commencement du printemps. Promettez-le-moi, ou je croirai que vous m’abandonnez tout à fait. »

Adela répondit aussi affectueusement et aussi délicatement que possible. Toutes les natures n’étaient pas les mêmes, dit-elle, et il serait présomptueux à elle de s’ériger en juge de la conduite de son amie. Elle aimait mieux s’abstenir, et elle prierait Dieu pour que Caroline et sir Henry fussent heureux ensemble. Quant au voyage de Londres pour le printemps suivant, elle ne demanderait pas mieux que de le faire, si les projets de sa tante Pénélope le permettaient. Il allait sans dire qu’elle devait dorénavant se laisser guider par sa tante, qui revenait d’Italie tout exprès pour lui servir de mère.

Jusqu’à la fin de l’année il ne se produisit à Littlebath aucun événement qui mérite d’être raconté, à moins qu’il ne soit utile de relater plus en détail les appréhensions nerveuses de mademoiselle Baker au sujet de sir Lionel. À vrai dire, elle était si naïve, qu’elle aurait trahi vingt fois par jour les secrets de son cœur à sa jeune amie, si son cœur eût eu des secrets. Mais il n’en avait pas. Elle était jalouse à l’excès de mademoiselle Todd, mais elle ne savait pas pourquoi. Elle faisait toutes sortes de questions sur les allées et les venues de sir Lionel, mais elle ne se demandait jamais à elle-