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— Comment le pourrai-je ? je ne connais à Littlebath que vous et mademoiselle Baker.

— Vous y êtes. Je savais bien que vous le devineriez. Ne dites pas que vous le tenez de moi.

— Mademoiselle Baker épouserait sir Lionel ?

— Et pourquoi pas ? Pourquoi ne se marieraient-ils pas ? Je crois que ce serait fort sage à tous deux. Ces sortes de mariages sont souvent très-heureux.

— Pensez-vous qu’il l’aime ? dit Adela, dont les idées sur le mariage étaient d’un ordre très-primitif.

— Mais… je ne vois pas pourquoi il ne l’aimerait pas — d’une certaine manière, s’entend. Je ne pense pas qu’il écrive des vers sur ses beaux yeux, si c’est là ce que vous voulez dire, mais je crois qu’il aimerait assez qu’elle lui tînt son ménage, et je crois aussi que, maintenant que Caroline s’en va, mademoiselle Baker aimerait assez à vivre avec quelqu’un. Elle n’est pas faite pour mener une vie d’ours comme moi.

Adela fut assez surprise, mais elle n’avait rien à dire. Il ne lui convenait pas de donner les raisons pour lesquelles il lui semblait que mademoiselle Baker ferait mieux de ne pas épouser sir Lionel, et elle trouva plus prudent de garder le silence.

Sa quinzaine avec mademoiselle Todd se passa fort bien. Elle eut à endurer une ou deux soirées de whist et à résister, avec une certaine détermination, aux efforts de son hôtesse pour la mener dans le monde. Mais au fond, mademoiselle Todd était si réellement bonne, si généreuse, si désireuse de faire plaisir aux autres, qu’elle finit par gagner le cœur d’Adela, et