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selle Todd, qui, malgré sa rougeur, avait éprouvé presque autant de plaisir que de peine en entendant l’allusion de madame Leake. Car on faisait grand cas de sir Lionel à Littlebath, et, parmi les vestales qui s’y trouvaient rassemblées, il en était plus d’une qui aurait volontiers renoncé à sa liberté en faveur de sir Lionel Bertram.

— Mais il faut que je vous l’explique. Il est vrai que sir Lionel vient très-souvent chez moi, et je serais disposée à croire qu’il y a quelque chose là-dessous, — ou, pour mieux dire, je ne serais pas étonnée que d’autres le crussent, — si ce n’était que je sais positivement qu’il pense à une autre personne.

— Vous croyez ? dit Adela sans grande vivacité.

— Oui, et je vous dirai qui est cette autre personne. Je n’en parlerais pas si je n’en étais sûre, — c’est-à-dire, à peu près sûre, car on n’est jamais tout à fait sûr de rien.

— Alors, je pense qu’il vaut mieux ne pas parler des gens.

— C’est bon à dire ; mais, dans un endroit comme Littlebath, il faudrait donc se taire complètement. Je laisse causer les autres sur mon compte, et je me permets d’en faire autant sur le leur. On ne peut pas vivre sans cela, ma chère. Mais je ne dis pas des choses comme madame Leake.

— J’en suis convaincue.

— Pour revenir à sir Lionel, ne pouvez-vous pas deviner de qui il s’agit ?