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releva la tête avec désespoir sans avoir trouvé un mot à dire.

— Est-ce la demoiselle, ou le monsieur qui est de vos amis, ma chère ? ou lequel de ces messieurs ? J’espère qu’elle ne vous a pas enlevé un de vos amoureux.

— Mademoiselle Waddington est une de mes meilleures amies, madame.

— Ah ! vraiment.

— Et je connais aussi M. Bertram.

— Est-il aussi de vos meilleurs amis ? En tout cas, le voilà libre maintenant, je pense. Mais on me dit qu’il n’a rien. Hein ?

— Je n’en sais rien ; je n’ai jamais cherché à savoir.

— Oui, c’est difficile à savoir — à savoir au juste. Je n’aime pas beaucoup, quant à moi, les jeunes filles qui prennent des amoureux et qui ensuite les plantent là, mais…

— Mademoiselle Waddington ne l’a pas planté là, madame.

— Alors c’est lui qui l’a quittée. C’était tout juste ce que je voulais savoir. Je vous suis bien obligée, ma chère. Je vois que vous saurez me raconter toute l’affaire. C’était à propos d’argent, n’est-ce pas ?

— Non, dit Adela à tue-tête, avec une énergie qui la surprit elle-même. L’argent n’y était pour rien.

— Je n’ai pas dit que vous n’y étiez pour rien. Mais ne prenez donc pas cette habitude de crier comme mademoiselle Todd. La vérité, je pense, c’est que le jeune homme a découvert ce qu’on aurait voulu qu’il ignorât. Les hommes ne doivent pas être trop curieux,