Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sourds, dit mademoiselle Todd qui, malgré sa débonnaireté, n’entendait pas se laisser manquer.

— Je ne vous entends pas, dit madame Leake qui, pourtant, cette fois avait entendu. Mais je veux que vous me parliez de cette Caroline Waddington. Est-ce vrai qu’elle a déjà un autre amoureux ?

— Tout à fait vrai. Elle va se marier.

— Elle veut se marier : Je n’en doute pas, qu’elle veut se marier. Elles le veulent toutes, seulement quelques-unes n’y parviennent pas. Ha ! ha ! ah ! Je vous demande pardon, mademoiselle Gaunt ; mais, nous autres vieilles, nous aimons toujours à donner un coup de patte en passant aux jeunes ; n’est-ce pas, mademoiselle Todd ?

Il faut se rappeler que madame Leake avait soixante-dix ans passés, tandis que notre chère mademoiselle Todd n’avait que tout juste atteint sa quarante-quatrième année.

— Mademoiselle Gauntiet pourra tout vous raconter au sujet de mademoiselle Waddington, dit mademoiselle Todd de sa voix la plus distincte. Ce sont de très-grandes amies et elles sont en correspondance. Et là-dessus, mademoiselle Todd passa le cornet à Adela.

— En correspondance ! avec un autre ? je n’en doute pas — avec une demi-douzaine à la fois peut-être. En savez-vous quelque chose, mademoiselle Gaunt ?

Que pouvait faire ou dire la pauvre Adela ? Sa main tremblait en touchant le terrible instrument. Trois fois elle se baissa vers l’embouchure, et trois fois elle