demander s’il n’est pas plus charmant encore de faire un bon dîner, assis à sa propre table. Bien qu’on soit gros et qu’on ait passé la quarantaine, on suit encore la chasse ; et, après tout, ce canotage et ce cricket, auxquels on a renoncé, n’étaient que des jeux d’enfants. Ce n’est point après ces choses-là que l’âme soupire. Mais ces promenades d’amoureux ! ces promenades d’amoureux aimé ! Thomas Moore est souvent trop doucereux et trop sentimental dans sa poésie ; mais, sur ce point, il disait vrai. C’est le paradis sur terre. Elles sont faites, et à jamais finies pour nous, ces belles promenades, ô mes contemporains ! Jamais plus — à moins qu’il ne nous soit donné de retrouver nos houris dans le ciel, et que dans une nouvelle et plus vaste jeunesse, nous parcourions avec elles les champs d’asphodèles — jamais plus, nous ne reverrons ces joies ! Et que pourrait-on leur comparer ? Ce fut le long des haies odorantes, sous les chênes verdoyants, ou en foulant aux pieds les feuilles bruissantes que nous nous enhardîmes à dépouiller les allures compassées du monde, et que nous découvrîmes que celles que nous aimions n’étaient pas des déesses faites de velours et de brocard, mais bien des créatures humaines comme nous, ayant du sang dans les veines, un cœur dans la poitrine — véritables enfants d’Adam, semblables à nous.
« Si quelqu’un trouve quelqu’une, passant par les blés !… » Ah ! la vieille chanson ! Ah ! les douces rencontres ! Comme nous partagions l’avis du poëte rustique ! « Et si l’un embrassait l’une, » comme nous nous