Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Noël ! » Il fait froid se marier alors, : mais leur mariage aussi devait être froid.

Sir Henry n’était pas insensible au bonheur de posséder tant d’attraits, et ne laissait pas que d’éprouver un certain chagrin en se voyant refuser tout avant-goût de sa légitime félicité. Tout solliciteur général qu’il était, il serait resté volontiers dix minutes assis auprès de Caroline, le bras passé autour de sa taille ; et, malgré l’acharnement avec lequel il travaillait à un bill pour réglementer les cours des comtés, — bill qui devait lui donner pour adversaire ce terrible et puissant politique, mylord Boanerges, — il n’aurait pas demandé mieux que de dérober, par-ci, par-là, un baiser ou deux. Mais la taille de Caroline et les baisers de Caroline ne devaient être à lui qu’après la Noël ; ils ne devaient lui appartenir que comme le prix de son nouveau rang et de sa grande et belle maison d’Eaton-Square.

Mademoiselle Baker était retournée à Littlebath, soit pour y recevoir Adela, soit parce qu’elle se trouvait mieux chez elle que dans la triste maison de son oncle ; ou peut-être encore, parce que sir Lionel s’y trouvait. Bref, elle y était retournée, et Caroline, pour le moment, faisait l’office de maîtresse de maison chez son grand-père.

Le vieillard semblait avoir abandonné toute idée de mystère. Il est vrai qu’il continuait à ne désigner Caroline que sous le nom de mademoiselle Waddington, mais il permettait, sans se fâcher, que d’autres parlassent d’elle comme étant sa petite-fille, et, avec Har-