Sir Henry n’avait pas eu trop de peine à conquérir sa belle fiancée. Il avait réussi à établir une sorte d’intimité entre M. Bertram et lui, et il avait déjà obtenu la permission de faire de fréquentes visites à Hadley, lorsque mademoiselle Baker et Caroline y arrivèrent. Il n’y couchait jamais ; mais, de temps à autre, il y dînait, et il trouvait toujours quelque chose d’important à dire au maître de la maison, lorsqu’il avait besoin d’un prétexte pour aller à Hadley. Tantôt c’était M. Bertram qui lui avait parlé d’un placement, et il lui rapportait les renseignements demandés ; tantôt c’était lui qui venait réclamer les conseils du vieillard au sujet de sa carrière politique. Dans ce temps-là, sir Henry était, ou prétendait être, complètement guidé dans sa vie publique par M. Bertram.
Ce fut de cette façon qu’il se retrouva avec Caroline. La première fois qu’il la revit, il se borna à l’assurer à demi-voix de la part qu’il prenait à sa douleur ; à la seconde visite, il parla un peu plus de lui-même, et un peu moins de Bertram ; à la troisième, il ne l’entretint guère que de ses mérites à elle ; et à la quatrième, il lui demanda de devenir lady Harcourt. Elle lui répondit qu’elle y consentait, et en ce qui la concernait, les choses en restèrent là pour le moment.
Puis, sir Henry demanda à fixer le jour du mariage. Sur ce sujet-là encore, Caroline se montra d’une extrême docilité. À ce propos, elle ne fit pas les difficultés d’usage. Sir Henry proposa que leur mariage eût lieu avant la Noël. — Fort bien, que ce soit avant la