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été imaginée tout exprès pour torturer et meurtrir le cavalier chrétien.

— Où trouver maintenant ce s… hôtel ? s’écria Bertram, quand ils eurent trébuché et pataugé, lui, son drogman et sa valise, pendant cinq minutes, dans une ruelle étroite et mal pavée qui descendait presque à pic. Le milieu formait un ruisseau où les chevaux glissaient sur des écorces d’oranges et des débris de légumes, tandis que la rue elle-même présentait dans son encombrement toute la variété de turbans que peut offrir l’Orient. — Et ceci s’appelle une rue ? Ce fut ainsi, en dépit de son sentiment profond, de son émotion, de ses pieuses résolutions, que notre héros fit son entrée à Jérusalem. Mais quelle piété pourrait résister à l’éreintement de douze heures de course sur une selle turque ?

— Est-ce bien une rue ? dit-il. Oui ! c’était la principale rue de Jérusalem. C’était la première, ou du moins une des premières parmi ces voies sacrées dont George s’était dit qu’il oserait à peine les fouler sans ôter sa chaussure. Enfin, à un tournant rapide, le cheval de Bertram glissa de nouveau et faillit s’abattre. Le cavalier jura de plus belle. Il faut dire à sa décharge qu’il était non-seulement rompu et écorché, mais encore qu’il avait grand’faim. Pour se livrer avec succès aux belles émotions, il n’est rien de tel qu’un estomac satisfait, sans être surchargé.

Enfin ils s’arrêtèrent devant une porte percée dans un mur, que le drogman dit être l’entrée de l’hôtel Z… En réalité, il n’y avait pas plus de dix minutes