Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. George ? que je lui dis. — Oui, qu’il me dit, et il ira aussi à Hong-Kong, je pense, avant de revenir ; il va à la recherche de son père. » En me disant cela, il me lança un de ces mauvais regards que vous connaissez, « C’est bien dommage, » lui dis-je, car il faut toujours être de son avis, vous savez. « C’est un imbécile, dit votre oncle, et il ne sera jamais autre chose. »

— Mon Dieu ! monsieur Pritchett, que je vous suis donc obligé de prendre la peine de me répéter tout cela !

— Oh ! ma peine n’est rien. « Et il ne sait pas plus la valeur de l’argent, ajoute votre oncle, qu’une autruche. Il ne peut pas aller à Bagdad avec la pension que je lui fais. — C’est évident, que je lui dis. — Il faut lui ouvrir un crédit de huit mille francs, » dit Monsieur. Et c’est ce que j’ai fait, monsieur George.

— J’aurais très-bien pu m’en passer, monsieur Pritchett.

— Peut-être, mais huit mille francs n’ont jamais fait de mal à personne, monsieur George…, jamais. Et moi, je vous dirai que, si vous jouez bien la partie, vous serez l’héritier de Monsieur, quoi qu’il en dise.

— En tout cas, monsieur Pritchett, je vous suis bien obligé.

Et là-dessus ils se quittèrent.

— Il me jettera ses huit mille francs au visage la première fois que je le verrai, se dit George.

Quoique le conseil de M. Pritchett fût assurément bon, George ne le suivit pas, et, pendant tout le temps que dura son absence, il n’écrivit pas une seule fois à