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George avait toujours eu l’habitude de passer une partie de ses vacances à Hadley, et il était tout naturel qu’il vînt faire une visite après avoir passé son examen universitaire, alors que sa gloire était encore toute nouvelle. Son oncle ne l’avait jamais engagé à le venir voir dans la Cité ; ils se rencontrèrent donc pour la première fois dans le salon à Hadley, quelques instants avant l’heure du dîner.

— Bonjour, George, dit l’oncle en tendant la main à son neveu ; puis il se retourna immédiatement, et se mit à tisonner le feu.

— Avez-vous fait bon voyage ? Les chemins de fer rendent tout facile. Quelle ligne prenez-vous ? La ligne Didcot ? Vous avez tort. Vous aurez un malheur un de ces jours avec ces trains express du Grand-Ouest…

M. Bertram était un fort actionnaire de la ligne rivale, et ne perdait jamais une occasion de pousser ses affaires.

— Je suis prêt pour le dîner, et vous ? — John ! il est la demie et deux minutes ; pourquoi ne sert-on pas ?

On ne parla pas de l’examen, — ou du moins il n’en fut pas question alors. M. Bertram n’attachait pas grand prix à un grade universitaire. Il n’avait jamais conquis de grade lui-même, si ce n’est un très-haut grade dans la hiérarchie de l’opulence, et il ne comprenait pas qu’il y eût sujet de féliciter un jeune homme de vingt-deux ans parce qu’il avait terminé heureusement ses leçons d’écolier. Il se disait qu’à cet âge il avait déjà pris place à la Bourse, ou que tout