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très-considéré sur la place. Au temps dont je parle, il était directeur de la Banque d’Angleterre, président d’une grande compagnie d’assurances, fortement intéressée dans les eaux, grand propriétaire de gaz, et un haut et puissant seigneur parmi les compagnies de chemins de fer. J’imagine qu’il n’avait ni bureaux, ni magasins, ni entrepôts, mais il n’était pas pour cela embarrassé, et ceux qui étaient au courant des usages de la Cité savaient fort bien où trouver George Bertram l’aîné, entre onze heures du matin et une heure de l’après-midi.

Il était de dix ans plus âgé que son frère sir Lionel, et, au moment où se passe cette histoire, il pouvait avoir soixante-dix ans. Il ne s’était point marié ; sir Lionel l’avait toujours considéré en conséquence comme une source de bien-être à laquelle son fils pourrait puiser dans le présent et dans l’avenir. Mais M. George Bertram l’aîné voyait la chose d’un autre œil. Il n’avait pas payé un seul schelling pour son neveu ou pour le compte de son frère sans l’inscrire au débit de sir Lionel et sans y ajouter les intérêts courants. Des relevés de ces comptes étaient très-régulièrement expédiés à sir Lionel par les soins de l’homme d’affaires de M. Bertram, et très-régulièrement aussi ils étaient jetés de côté par sir Lionel comme des papiers sans importance.

M. Bertram n’avait jamais parlé positivement de cette dette à George, et ne se plaignait pas ouvertement de ce que ses avances n’étaient pas remboursées ; mais de temps à autre il lui échappait de certaines