Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il a rendu ma mère et mes sœurs bienheureuses, et naturellement c’était là ce que je devais d’abord désirer.

— Personnellement, vous vous seriez mieux tiré d’affaire à Oxford, sans doute. Mais vous n’auriez jamais pu leur donner une maison qu’elles auraient aimée comme le vieux presbytère, n’est-ce pas ?

— Non, sans doute, répondit Arthur presque au hasard.

Il se demandait comment il pourrait lui expliquer le sacrifice qu’il avait fait, sans paraître s’en faire un mérite.

— Et puis, si vous étiez resté à Oxford, vous seriez devenu un vieux pédant de professeur. Je ne crois pas que vous auriez été heureux — je veux dire aussi heureux que dans une cure. Quand on appartient à l’Église, — et ici sa voix prit un ton plus grave et plus solennel, — on n’est jamais mieux placé qu’à la tête d’une paroisse. N’êtes-vous pas de mon avis, monsieur Wilkinson ?

— Sans doute. C’est à cela qu’on est destiné. C’est à cela qu’on a dû se destiner soi-même.

— Et c’est une vie si heureuse ! Voyez mon père : je ne connais pas d’homme plus heureux, — si ce n’est que maman est morte.

— Je voudrais bien avoir obtenu ma cure comme il a eu la sienne… quoique cela n’eût rien changé peut-être.

— Il a été nommé par l’évêque, vous savez. Mais avez-vous quelque répugnance à tenir votre bénéfice de lord Stapledean ?