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Tout en marchant au bord de l’eau, Arthur se demandait ce qu’il allait dire.

— En tout cas, il faut qu’elle sache ce qui en est, se dit-il ; nous serons plus à l’aise ensuite l’un et l’autre. Ce n’est pas que cela lui fera grand’chose. — Et, tout en se parlant ainsi, il soupirait et décapitait les roseaux à grands coups de canne.

Il trouva Adela seule au salon comme à l’ordinaire, et, comme à l’ordinaire aussi, elle le reçut avec un doux sourire. Depuis le jour où il était parti pour se rendre à l’Université, elle l’avait toujours appelé « monsieur Wilkinson », d’après les instructions de sa tante Pénélope ; mais pour le reste, sa manière d’être envers lui était celle d’une sœur, seulement elle avait quelque chose de plus doux et de plus gracieux encore.

— En vérité, je croyais que nous ne devions plus nous revoir, monsieur Wilkinson.

(Oh ! Adela, que voulait dire ce nous ?)

— J’ai été très-occupé, Adela. Il y a tant à faire en prenant la direction d’une paroisse. Bien que je connaisse tout le monde, j’ai eu fort à faire.

— Oui, oui, je le crois. Mais, maintenant que vous voilà installé, j’espère que vous serez content. J’ai vu votre sœur Mary l’autre jour, et elle m’a dit que votre mère était tout à fait rétablie.

— Oui, elle va assez bien. Nous nous portons tous bien, maintenant.

— Que j’aime donc ce vieux lord qui vous a donné la cure, bien qu’on le dise si rébarbatif ! C’était si bon de sa part, si aimable pour tout le monde.