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Adela Gauntlet. L’arrangement proposé par lord Stapledean l’empêcherait de se marier ; d’un autre côté même sans cet arrangement, le mariage était à peu près impossible pour lui avec toute cette famille à sa charge.

Il paraîtrait bien doux à sa mère de rester dans sa vieille maison, entourée de ses anciens amis et jouissant de son même revenu. Quant à l’argent, ils seraient tous suffisamment à l’aise. Avec sa part de quatre mille francs et son traitement d’agrégé il serait personnellement assez riche, et pourtant il y avait quelque chose dans toute cette affaire qui lui déplaisait fort. Il ne regrettait pas que sa mère eût ce revenu, mais il regrettait amèrement qu’elle pût le recevoir d’un autre que lui. Cependant la question était pour lui d’une importance vitale. Où chercher ailleurs une cure ? S’il refusait, il condamnait ceux qu’il aimait à de grandes privations, et ces privations seraient endurées d’autant moins patiemment que l’on saurait qu’il avait rejeté l’offre du marquis.

Tout bien considéré, Arthur se décida à accepter. La rente, après tout, serait faite à sa propre mère. Il ne disposait pas illégalement des revenus de la cure et il ne les employait pas autrement qu’il ne l’eût fait si nulle condition n’avait été imposée. Comment pourrait-il supporter la vue de la pauvreté de sa mère s’il devait se dire qu’il avait refusé pour elle l’aisance ? Il écrivit donc à lord Stapledean « qu’il acceptait la cure, sous les conditions qui avaient été stipulées, savoir : le payement à sa mère d’une rente de huit mille francs