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marché ; tout du moins il sentait que l’arrangement était inconvenant.

— Si vous connaissiez, dit-il enfin, mes rapports avec ma mère, vous comprendriez qu’il est inutile d’exiger une pareille promesse.

— Je ne l’en exige pas moins. Je vous donne une preuve de grande confiance, de très-grande confiance ; c’est une confiance que rien, jusqu’à présent, ne justifie. — Sa Seigneurie faisait allusion par là à la disposition des revenus ecclésiastiques et non à la cure des âmes qu’il remettait au jeune homme.

Arthur Wilkinson ne disait mot.

— On aurait pu penser, reprit le marquis, que vous vous seriez estimé heureux de retirer votre mère de la misère. Je croyais que vous témoigneriez quelque satisfaction en apprenant mes… mes… mes bonnes intentions à l’égard de votre famille.

— Et vous avez raison, mylord. Je me demande seulement si je suis autorisé à faire la promesse que vous me demandez.

— Autorisé ! vous me feriez douter moi-même, monsieur Wilkinson, si je suis autorisé à remettre cette cure entre vos mains ; de toute façon, il me faut une réponse.

— Combien de temps me donnez-vous ?

— Du temps ? Je ne pensais pas que vous demanderiez du temps. Eh bien ! donnez-moi votre réponse demain matin. Envoyez-la-moi par écrit, de manière à ce que je l’aie avant dix heures. Si je ne la reçois pas avant cette heure-là, j’en conclurai que vous refusez mon offre. — Sur ce, le marquis se leva.