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centrique et très-bourru. Il possédait une magnifique propriété dans le voisinage de Hurst-Staple, mais n’y venait jamais, préférant habiter une terre bien moins agréable, située dans le nord du Yorkshire. Là, il vivait seul, s’étant séparé de sa femme, tandis que ses enfants, de leur côté, s’étaient séparés de lui.

La cure de Stapledean, devenue vacante par la mort de M. Wilkinson, se trouvait de nouveau à la disposition du marquis, mais la famille du défunt ministre ne songeait nullement à s’adresser à lui. Pourtant, quinze jours après les funérailles de son père, Arthur reçut une lettre portant le timbre de Bowes, dans laquelle lord Stapledean l’invitait fort brièvement à venir le voir. Or le château de Bowes, situé dans le Yorkshire, était à une distance de cent lieues de Hurst-Staple, et, pour s’y rendre dans la saison où l’on se trouvait, il fallait faire un voyage à la fois coûteux et pénible. Mais les marquis se font généralement écouter quand ils ont des bénéfices à conférer et qu’ils s’adressent à de jeunes ecclésiastiques. Arthur Wilkinson se mit donc en route pour le nord de l’Angleterre.

On était au milieu du mois de mars, et il soufflait un vent d’est froid et perçant. Arthur arriva au village de Bowes le nez rouge, les pieds gelés, mais le cœur plein d’espérance. En descendant à la petite auberge, il se demanda s’il devait y laisser son sac de nuit. Lord Stapledean n’avait point parlé de l’héberger au château : il s’était simplement borné à prier M. Wilkinson, — si cela ne le dérangeait pas trop, — de lui faire l’honneur d’une visite ; il avait demandé à un homme vi-