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d’Adela, qui était devenue sérieuse comme un petit curé en jupons, et qui poussait le ridicule jusqu’à ne plus vouloir danser du tout.

Les choses en étaient à ce point, quand Arthur Wilkinson reçut une lettre qui le rappelait en toute hâte à la maison. Son père avait été frappé de paralysie et toute la famille était au désespoir. Il se mit immédiatement en route et n’arriva que tout juste à temps pour fermer les yeux de son père. Vingt-quatre heures après son arrivée, il se trouvait à la tête d’une famille désolée dont les besoins futurs étaient aussi douloureux à envisager que le chagrin présent. La vie de M. Wilkinson avait été assurée pour la somme de quinze mille francs, et sa veuve jouissait d’une rente de deux mille cinq cents francs ; la famille entière, — et elle se composait de la mère et de cinq enfants, — n’avait pas d’autres ressources et ne pouvait compter, même dans l’avenir, que sur l’aide que pourrait lui fournir Arthur.

— Remercions Dieu de ma nomination comme agrégé, dit-il à sa mère. Ce n’est, pas grand’chose, mais cela nous empêchera de mourir de faim.

Mais la famille Wilkinson ne devait pas être réduite à une si grande pauvreté. La cure de Hurst-Staple était un bénéfice dépendant de la noble famille des Stapledean. M. Wilkinson père avait été d’abord le précepteur, puis le chapelain du marquis de Stapledean, et il en avait été récompensé par sa nomination à la cure de Hurst-Staple. Depuis bien des années, la famille Wilkinson n’avait eu aucune relation avec son patron. Le marquis, bien qu’il ne fût pas âgé, était ex-