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Sir Lionel, voyant ce qui en était, quitta ces dames à la porte de la chambre à coucher et bientôt après, avec l’aide de mademoiselle Todd et de sa femme de chambre, lady Ruth put monter en voiture pour rentrer chez elle. Il est à croire qu’au bout de quelques jours elle ne se ressentit plus de son émotion, et elle se vantait même volontiers d’avoir « rabattu le caquet à mademoiselle Ruff ». En effet, le caquet de mademoiselle Ruff sembla, pour l’instant, un peu rabattu.

Quand mademoiselle Todd rentra au salon, elle trouva cette demoiselle assise toute seule sur un divan. Elle se tenait très-droite, les mains étendues sur les genoux, et tâchait de prendre un air dégagé et indifférent. Mais il y avait de petits tressaillements nerveux au coin de la bouche et un certain mouvement involontaire de l’œil qui trahissaient ses efforts et prouvaient que pour cette fois lady Ruth avait vaincu. M. Fuzzibell se tenait debout, tout effaré devant la cheminée, et madame Garded contemplait mélancoliquement ses cartes étalées devant elle ; car au moment de la catastrophe elle avait deux d’honneurs dans son propre jeu.

— Pauvre chère femme, dit mademoiselle Todd en rentrant, elle a pu retourner chez elle, Dieu merci ! sans grand mal. Elle est bien vieille, vous savez, et c’est une excellente créature.

— Une charmante et excellente personne, dit madame Shortpointz qui aimait les pairs et la pairie, et détestait mademoiselle Ruff.

— Allons, dit mademoiselle Todd, nous avons un