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longtemps que le mariage est arrêté, n’est-ce pas ? et il y aura beaucoup d’argent ?… Je m’étais amourachée, moi aussi, de ce jeune Bertram, et je lui ai fait toute sorte d’avances ; mais cela a été en pure perte. Ha ! ha ! ha ! j’ai toujours trouve que c’était un charmant garçon, et je félicite votre nièce. Mais à quand la noce ? Dites-moi, en est-elle très-éprise ?

Que pouvait répondre mademoiselle Baker ? Elle n’avait pas la moindre intention de faire une confidente de mademoiselle Todd, — maintenant surtout que celle-ci semblait disposée à se conduire d’une façon si inconvenante avec sir Lionel. Comment répondre ?

— J’espère que ce ne sera pas remis trop longtemps, reprit mademoiselle Todd. Y a-t-il un jour fixé ?

— Non ; rien n’est fixé, répondit mademoiselle Baker en rougissant.

Mademoiselle Todd avait l’oreille très-fine, et elle remarqua le son de voix. — Il n’y a rien de fâcheux, j’espère ; mais ne craignez rien, je ne ferai pas de questions et je ne dirai rien à personne. Tenez, voilà une table où nous pouvons entrer. Et elle se dit qu’elle saurait tout en questionnant sir Lionel.

Les parties s’étaient désorganisées et reformées, et mademoiselle Baker et mademoiselle Todd se trouvèrent assises à la même table. Mademoiselle Baker ne demandait pas mieux que de faire, elle aussi, son petit rob paisible, à la condition de n’être pas trop tarabustée. Avec mademoiselle Todd elle n’avait rien à craindre de ce-côté-là. Elle aurait pu faire autant de fautes