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sœur… ! Et, tout en y songeant, il suivait la rivière jusqu’à West-Putford.

Il avait tout à fait pris son parti d’entrer dans l’Église. Alors qu’il rêvait encore des honneurs universitaires et une brillante carrière, il avait songé au barreau. C’est de ce côté-là que se tourne, je crois, l’ambition de tout jeune Anglais qui a de grands talents, le goût du travail et une modique fortune. Arthur, lui aussi, s’était promis le plaisir de travailler quatorze heures par jour comme avocat. Mais, quand il avait vu sa première espérance lui échapper, il s’était dit que l’Église était après tout le port le plus sûr. Et lorsqu’il allait à West-Putford, il y trouvait quelqu’un qui lui disait qu’il avait raison.

Mais nous ne pouvons le suivre pas à pas pendant ces premiers temps. Il entra, comme il l’avait dit, dans les ordres. Il prit des élèves et voyagea sur le continent avec l’un d’eux pendant les vacances. Au bout d’une année, il fut agrégé ; il avait alors, à grand’peine, payé à demi cette moitié de ses dettes qu’il s’était engagé à liquider. Sa conscience cléricale lui reprochait vivement ce manque d’exactitude, mais il se disait que maintenant, avec son traitement d’agrégé, tout serait plus facile.

Ainsi se passa un peu plus d’une année. Il alla peu chez lui à Hurst-Staple, et très-peu par conséquent à West-Putford ; pourtant il n’oubliait point cette physionomie pensive qui exprimait tant de sympathie pour ses tourments, et de temps à autre une de ses sœurs, dans ses lettres, lui parlait de cette petite sotte