Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

côté-là, — mais la conduite de sir Lionel la tourmentait, et elle commençait à sentir, sans trop savoir pourquoi, qu’elle n’aimait plus autant mademoiselle Todd à Littlebath qu’à Jérusalem. Elle prit parti, intérieurement, avec M. O’Callaghan dans la discussion à propos du jeu, et, bien que sir Lionel ne se rapprochât pas d’elle, en quittant mademoiselle Todd, elle lui sut bon gré de s’éloigner. Elle se sentait donc un peu abattue, quand mademoiselle Todd vint prendre place à côté d’elle sur le canapé.

— Je suis bien fâchée que vous soyez en dehors, dit celle-ci. Mais, voyez-vous, j’ai été si occupée à la porte pour recevoir tout le monde, que je n’ai pas vu comment s’organisaient les parties.

— J’aime mieux être en dehors, dit mademoiselle Baker. Je ne suis pas bien sûre que M. O’Callaghan n’ait pas raison. Ce fut là toute la vengeance de mademoiselle Baker.

— Non, non, ma chère, il n’a pas raison du tout. Mais il va arriver encore du monde, et nous aurons une autre table. Ceux qui viendront seront plus dans votre genre, et ne seront pas aussi prêts que ces enragés à vous arracher les yeux si vous oubliez une carte. Cette mademoiselle Ruff est terrible. En ce moment même il s’éleva un bruit effroyable, car lady Ruth venait de placer son treizième atout sur le treizième cœur de mademoiselle Ruff. Comment conserver son sang-froid en présence d’un pareil coup !

— Mon Dieu ! cette pauvre vieille femme ! poursuit mademoiselle Todd. Vous savez qu’on craint toujours