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combat pour les joueurs. C’était un vétéran au cœur de lion que mademoiselle Ruff, et elle ne comprenait pas qu’on perdît son temps en puérilités quand on se trouvait en face de l’ennemi. Elle était venue pour faire son whist, pour livrer le bon combat, pour vaincre ou mourir, et il lui tardait d’engager la bataille. Attendez un moment, mademoiselle Ruff, nous allons avoir fini d’annoncer le monde, et alors viendra la bataille.

Il nous faut faire les honneurs à notre ancienne amie mademoiselle Baker. En la voyant, mademoiselle Todd parut sur le point de se jeter à son cou ; mais elle se retint, car elle pensa sans doute que leurs coiffures respectives pourraient souffrir de ces effusions.

— Enfin ! chère mademoiselle Baker, enfin ! je suis si enchantée ! Mais où donc est votre nièce ? Où est la charmante future ? Ces derniers mots ne furent probablement pas aussi distinctement entendus de l’autre côté de la place du Paragon que la conversation ordinaire de mademoiselle Todd, car elle avait cru devoir baisser la voix. — Indisposée ? Pourquoi est-elle indisposée ? Vous voulez dire sans doute qu’elle a des lettres à écrire ; je vous comprends. Et de nouveau le rugissement de mademoiselle Todd s’adoucit jusqu’au sotto voce de la scène. — C’est bon ! j’irai la voir demain. Vous souvenez-vous de Josaphat, notre chère vallée de Josaphat ? Et mademoiselle Baker, après avoir fait les réponses voulues, dut à son tour passer outre et laisser mademoiselle Todd libre d’accueillir le révérend M. O’Callaghan.