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banc où sa coiffure serait visible pour toute la congrégation. Telle était la puissance de mademoiselle Todd, et c’est pour ces choses que nous l’avons proclamée grande.

Au bout de huit jours, le son de sa voix un peu forte mais toujours agréable, de son pas un peu lourd mais toujours actif, et l’éclat de ses joues colorées étaient aussi connus sur l’esplanade que si elle eût habité Littlebath depuis deux mois. Il va sans dire qu’elle y avait trouvé des amis, de ces amis comme on en rencontre toujours en de pareils endroits, — de charmantes gens avec lesquels elle avait passé huit jours à Ems, il y avait de cela plusieurs années, ou qui lui avaient fait vis-à-vis à une table d’hôte à Harrowgate pendant toute une quinzaine. Mademoiselle Todd avait un très-nombreux cercle d’amis de ce genre, et il faut lui rendre la justice de dire qu’elle se montrait toujours fort aise de les voir et qu’elle les accueillait bien. Ils trouvaient toujours place à sa table ; elle n’était point malveillante dans ses médisances à leur égard, et elle ne rendait jamais ses plaisirs onéreux, aux autres, comme cela arrive quelquefois aux dames de Littlebath. Elle ne tirait vanité, ni de sa bourse bien garnie, ni de ses brillantes connaissances ; et elle conservait généralement son égalité d’humeur aussi longtemps qu’elle faisait sa volonté. Elle jouissait d’un excellent estomac, et elle appréciait fort la même possession chez les autres.

Et ce n’était pas une méchante femme que mademoiselle Todd. Elle dépensait, il est vrai, beaucoup