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De toutes façons, sir Lionel était bien résolu, quoi qu’il pût arriver désormais, de ne plus avoir recours personnellement à son frère. Il avait usé de toute son adresse diplomatique, et il avait échoué ; il avait échoué complètement dans cet art où il se croyait passé maître, et maintenant il lui fallait rentrer à Littlebath sans avoir rien obtenu !

Il n’avait pas réussi même à mettre sur le tapis un sujet sur lequel il désirait surtout dire quelques mots. Il avait bien compris qu’il ne lui serait pas possible de demander à son frère, de but en blanc, ce qu’il comptait faire dans son testament pour mademoiselle Baker, mais il avait espéré diriger la conversation de façon à découvrir quels étaient les sentiments de M. Bertram à l’égard de cette demoiselle. Ainsi que le lecteur l’a vu, la direction de la conversation ne dépendit nullement de lui, et il dut quitter Hadley sans avoir rien appris qui pût le guider dans ces sentiers périlleux du mariage où il songeait à s’engager.

Le vieil avare, dans sa méchanceté, lui avait déclaré que George ne serait pas son héritier, et il lui en avait presque dit autant au sujet de Caroline. « Elle aura cent cinquante mille francs, tout compte fait, » avait-il dit. Rien que cela. Et encore les deux tiers de cette misérable somme lui venaient-ils de son père et elle n’en devait de reconnaissance à personne ? Le vieux ladre ! qui donc hériterait de son argent ? On ne pouvait supposer qu’il laisserait le tout à mademoiselle Baker. Et pourtant il le pourrait ; la chose était tout juste possible. Tout était possible avec un vieil imbécile de