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que ce résultat a été atteint. La vérité, c’est que mademoiselle Baker était douée d’un de ces esprits variables qui indiquent, par leurs changements, non leur volonté, mais la direction de quelque souffle étranger, de quelque volonté extérieure. Et il ne faut pas la dédaigner ou lui en vouloir pour cette disposition un peu girouette. C’était la moins égoïste, la moins entêtée, la plus obligeante créature du monde. Elle avait soufflé tour à tour le froid et le chaud à l’égard de Bertram, mais le chaud ou le froid n’avait jamais dépendu que des chances de bonheur qu’elle croyait découvrir pour sa nièce. Dans les derniers temps, il lui avait semblé voir que Caroline aimait trop George pour pouvoir renoncer à lui ; de plus, elle avait lieu de croire que le vieux M. Bertram souhaitait le mariage et que George et Caroline, mariés, hériteraient sûrement de lui. Donc, depuis un mois ou deux, mademoiselle Baker avait soufflé le chaud avec vigueur.

— Non, nous n’avons pas eu de querelle, dit Caroline en s’efforçant de paraître calme. Du moins, pas de querelle dans le sens où vous l’entendez. Ne vous faites pas d’illusion, chère tante ; tout est fini maintenant, fini à tout jamais !

— À tout jamais, Caroline !

— Oui, à tout jamais. Des choses ont été dites qui ne pourront jamais être oubliées. Ne vous affligez pas, — la tante Mary était en larmes, — il vaut mieux qu’il en soit ainsi. Je suis sûre que cela vaut mieux ; nous n’aurions pas été heureux ensemble.

— Mais trois années, Caroline, trois années ! dit à