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car le pas de Caroline se fit entendre sur l’escalier.

— Auriez-vous la bonté de nous laisser seuls pendant dix minutes ? dit George. Mais je ne voudrais pas vous chasser de votre salon, et Caroline, j’en suis sûr, ne refusera pas de descendre avec moi à la salle à manger.

Il va sans dire que mademoiselle Baker ne voulut pas entendre parler d’un pareil arrangement. Au moment où elle quittait le salon, elle rencontra sa nièce à la porte. Caroline allait parler, mais elle s’arrêta en voyant l’expression du visage de sa tante. Les femmes ont une façon de se parler au moyen de regards, de signes et de sourires, à laquelle les hommes n’entendent rien, et ce fut en ce langage mystérieux que la tante Mary dit à sa nièce quelque chose qui lui fit comprendre que l’entrevue qui se préparait serait autre chose qu’un échange de tendresse. Il en résulta que Caroline se composa le visage en entrant, et s’avança lentement et avec une certaine dignité vers celui qui devait être un jour son seigneur et son maître.

— Nous ne vous attendions guère ; George, dit-elle.

Sir Lionel avait raison : jamais elle n’avait été plus belle. Les contours étaient un peu moins arrondis, les couleurs étaient un peu moins brillantes qu’à Jérusalem, mais c’était tout ! Le léger effort qu’elle avait dû faire pour se remettre en entrant, et pour prendre une démarche plus calme, avait ajouté à sa beauté. Sa robe du matin tout unie, et ses simples bandeaux de cheveux lui seyaient à merveille. C’était un beauté de plein jour, que Caroline Waddington.