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pas chez mademoiselle Baker, mais celui-ci ne lui donna aucune explication à ce sujet. Il dit seulement que cela ne se pourrait pas, et se rendit à sa besogne. C’était une rude besogne qu’il avait entreprise et il lui tardait qu’elle fût accomplie.

Il ne s’accorda pas un instant de réflexion. Au contraire, il marcha si vite, qu’en entrant dans le salon de mademoiselle Baker, il se trouva tout essoufflé, et qu’il ne put, tant pour cette raison qu’à cause de son émotion, parler à cette dame avec son calme habituel.

— Bonjour, mademoiselle Baker, comment vous portez-vous ? Je suis bien aise de vous voir ; je suis venu en grande hâte, et je suis impatient de voir Caroline. Est-elle sortie ?

Mademoiselle Baker dit que Caroline était à la maison, et qu’elle allait descendre.

— Tant mieux, car je suis impatient de la voir, — très-impatient.

Mademoiselle Baker, d’une voix tremblante, lui demanda si quelque chose était arrivé.

— Non ; il n’est rien arrivé. Mais la vérité, mademoiselle Baker, c’est que je suis fatigué de tout ceci, et que je veux en avoir le cœur net. Je ne sais comment Caroline le supporte, mais moi, cela me tue.

Mademoiselle Baker le regarda avec surprise, car sa manière de parler était violente, et trahissait un certain égarement. N’eût été que George se montrait assez souvent violent, elle aurait redouté quelque grand malheur. De toute façon, elle n’eut le temps de rien dire,