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CHAPITRE XX


JUNON.


Malgré toute sa philosophie et toutes ses prières, Bertram alla se coucher fort malheureux. C’était une nature avant tout affectueuse et aimante que la sienne. Il était exigeant, et peut-être même un peu égoïste dans son amour : la plupart des hommes le sont ; mais il avait aimé, il aimait encore, et, bien que résolu à se séparer de celle qu’il aimait, il ne pouvait se résigner. Que de fois il était resté sans sommeil, en repassant dans son esprit tous les torts de Caroline ! Aujourd’hui il ne songeait plus qu’à ses torts à lui. C’était dommage, se disait-il, que leur mariage eût été retardé ; en cela, c’était Caroline qui avait agi sans raison. Elle ne l’avait pas connu ; elle n’avait ni compris son caractère ni apprécié son affection, mais, malgré tout, il aurait dû mieux en prendre son parti. Il reconnaissait qu’il avait été sévère, rude même envers elle ; qu’il lui avait témoigné trop de colère de ses refus ; et il se blâmait sans pitié. Mais à travers toutes les con-