Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On ne sait ce qu’on peut faire que quand on a essayé. Un prêtre peut faire beaucoup de bien s’il est convaincu et s’il n’est pas trop asservi à l’Église établie.

— Je vous dis que vous serez avocat. Vous êtes taillé pour cela, et c’était toujours là votre idée.

— C’est la profession qui me tente le plus, je l’avoue ; — mais les avocats sont de bien grands coquins. Vous serez une exception, cela va sans dire.

— Je ferai à Rome ce que font les Romains — du moins je l’espère. J’ai pour doctrine qu’il n’existe point de loi immuable du bien et du mal.

— C’est une doctrine commode. Je voudrais y croire.

— Cela vous viendra ; en pratique vous êtes déjà de mon avis. Mais le sujet est trop vaste pour l’entamer ici. Je vous le répète, vous n’entrerez pas dans l’Église et vous serez installé à Londres avant la Noël.

— Et de quoi vivrai-je, mon cher ?

— Comme tous les bons neveux ; vous vivrez de votre oncle. De plus vous aurez votre revenu d’agrégé ; vous en pourrez vivre comme moi.

— Vous n’avez pas que cela ; et quant à mon oncle, s’il faut tout vous dire, je ne me soucie pas beaucoup de dépendre de lui. Je soupçonne qu’il veut me faire comprendre qu’il me fait la charité. Du reste, je compte tirer la chose au clair sans plus tarder.

— Tirer la chose au clair !… Faire la charité ! Triple imbécile ! Mais un oncle, c’est comme un père !

— Mon oncle n’est pas pour moi comme mon père.