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cher son œuvre sceptique. Le scepticisme qui réussit a toujours un avantage : il rapporte de l’argent.

Nous voici arrivés à l’époque où nous pouvons reprendre notre récit. Disons seulement un mot de Caroline. Pendant le cours de l’hiver, elle avait souvent vu George, et elle lui avait aussi écrit très-fréquemment. Leur mariage n’était donc pas rompu. Mais leurs entrevues étaient froides et leurs lettres très-froides aussi. Elle aurait épousé George tout de suite, s’il l’avait demandé, mais il ne voulait plus rien demander. Il aurait, été trop heureux, de son côté, de se marier, si Caroline avait laissé voir qu’elle se repentait de ses refus ; mais elle ne pouvait se décider à faire le premier pas. Ils étaient tous deux trop orgueilleux pour se faire des concessions qu’on ne demandait pas, de sorte qu’aucune concession ne fut faite.

Sir Lionel voulut une fois intervenir, mais il échoua complètement. George lui fit comprendre qu’il entendait conduire lui-même ses affaires. Quand un fils prête souvent de l’argent à son père, et que le père ne le lui en rend jamais, il est à remarquer que l’autorité paternelle se relâche beaucoup. L’autorité paternelle de sir Lionel était fort relâchée.