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disait et ce qu’elle devait faire. Enfin elle montra la lettre en se disant qu’il lui était indifférent maintenant de désobéir à George.

— Ce n’est pas généreux de la part de Bertram, dit Harcourt.

— Ce n’est pas même délicat, dit Caroline ; mais il était en colère quand il a écrit, et je ne veux pas faire attention à sa lettre. Et elle retourna à Littlebath avec mademoiselle Baker.

On était au mois de septembre quand Bertram revint en Angleterre accompagné de sir Lionel.

L’espace nous manque pour raconter tout ce qui s’était passé entre le père et le fils ; toujours est-il qu’ils arrivèrent à Londres, les meilleurs amis du monde, à ce qu’il semblait, et que sir Lionel s’installa dans une chambre, qui était située à la fois tout près de son club et de l’appartement de son fils. Il y avait pourtant entre eux une cause permanente de dissentiment. Sir Lionel se montrait fort désireux que son fils empruntât de l’argent à son oncle, et George se refusait absolument à faire rien de pareil.

Bertram se rendit à Littlebath et pria son père de l’y accompagner. La rencontre de nos amoureux fut, cette fois encore, très-peu amoureuse ; mais sir Lionel se montra on ne peut plus affectueux. Il prit Caroline dans ses bras, et l’embrassa tendrement ; il l’appela sa chère fille et s’extasia sur sa beauté. Je crois qu’il embrassa aussi mademoiselle Baker ; il l’essaya du moins, et je serais même disposé à penser que, dans l’effusion de son cœur, il fit quelque tentative