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venir. Harcourt avait choisi sa carrière et se sentait à peu près sûr d’avoir fait un bon choix. Il n’avait à aucune époque beaucoup douté, et depuis qu’il avait pris sa résolution, il ne doutait plus du tout. Il travaillait beaucoup dans le présent, et il se proposait de beaucoup travailler dans l’avenir, ne comptant pas trop sur son talent, mais comptant fermement sur son application. Bertram, avec un génie bien supérieur, manquait, du moins à l’époque dont il s’agit, de la persévérance qui distinguait son ami. Le monde était devant lui et il n’avait qu’à choisir ; mais il aurait eu grand besoin qu’on l’aidât à faire son choix. Il avait une grande ambition, mais une ambition vague. Le barreau, l’Église, les lettres, les arts, la politique, tout l’attirait ; mais parmi tant d’espérances, laquelle choisir ?

— Quand viendrez-vous à Londres ? lui demanda Harcourt.

— À Londres ! Je ne sais si j’irai à Londres. Je vais aller passer quelques semaines à Hadley d’abord, — c’était dans le village de Hadley que demeurait l’oncle de Bertram, mais ensuite je ne sais ce que je ferai.

— Moi, je le sais. Vous viendrez à Londres et vous ferez votre droit.

— Il est probable que je ferai quelque chose de plus prosaïque encore ; je reviendrai peut-être ici pour entrer dans les ordres.

— Entrer dans les ordres ! vous ! Je digérerais plus facilement le dîner de Gérard que vous ne digéreriez les trente-neuf articles de l’Église anglicane.