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lui, et il la repoussait avec énergie. Il n’y avait dans son livre, disait-il, rien qui donnât le droit de le taxer d’irréligion. Il suppliait ceux qui seraient disposés à l’accuser, de lire et de juger par eux-mêmes. Il avait appelé les choses par leur véritable nom, ce qui, sans nul doute, serait considéré par de certaines gens comme un très-grand crime ; mais, à bien examiner, on verrait qu’il n’avait pas mis en doute l’authenticité des Écritures plus que bien d’autres écrivains qui l’avaient précédé dans la même voie ; et il ajoutait que parmi ceux-ci il y en avait eu plus d’un qui avait été récompensé de ses travaux de critique par les plus hautes dignités de l’Église.

C’était chose reconnue pour les esprits éclairés, disait-il encore, que tout ce qui se trouve consigné dans les Écritures ne devait pas être compris selon la lettre, telle qu’on la présente aux Anglais de nos jours. Il semblait vraiment que la plupart de ses compatriotes crussent que les écrivains inspirés avaient écrit en anglais. Ils oubliaient qu’il fallait voir, dans la Bible, l’œuvre d’Orientaux qui employaient une langue naturellement emphatique et grandiose, — d’hommes auxquels une poétique exagération était aussi familière que l’air qu’ils respiraient. On perdait de vue un fait essentiel, c’est que toutes ces choses avaient été écrites dans un temps où l’on ignorait de certaines grandes vérités naturelles que l’expérience, et non la révélation, nous a enseignées depuis. La vérité que proclament les écrivains sacrés, est une vérité qui vient du ciel et non de la terre ! Personne aujourd’hui ne croit que du