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crut comprendre. Il ne lui reparla plus à ce sujet.

— Mon cher Arthur, pourquoi ne te maries-tu pas ? demanda-t-il le lendemain matin à son cousin.

Ce fut au tour d’Arthur de rougir, en se rappelant, non pas précisément Adela, mais la promesse qu’il avait faite à lord Stapledean d’abandonner la plus grande partie des revenus de la cure à sa mère, — promesse dont il n’avait jamais cessé de se repentir depuis le jour où il l’avait faite.

C’est peut-être ici le lieu de dire que, plus Arthur se repentait d’avoir fait cette promesse, en reconnaissant combien sa position était devenue par là fausse et humiliante, plus sa mère, d’un côté, semblait surmonter la répugnance qu’elle avait d’abord exprimée à l’idée de prendre le revenu de son fils. Cette répugnance avait toujours été en diminuant, et au moment où nous parlons, elle avait pour ainsi dire cessé d’exister. Comment pourrait-on blâmer madame Wilkinson d’avoir perdu tout remords ? Cet arrangement lui paraissait si excellent ! L’avenir de ses enfants était par là confortablement assuré, et il lui semblait si naturel d’être maîtresse au presbytère ! Bref, nous ne la blâmons pas, nous nous bornons à constater le fait. Elle avait déjà appris à se considérer comme propriétaire légitime des revenus ecclésiastiques, et comme son fils prélevait là-dessus des appointements de quatre mille francs, rien que pour faire le travail de la cure, — un vicaire se serait contenté de la moitié, disait-elle souvent — et qu’il avait en sus son traitement d’agrégé, elle ne se faisait aucun