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— Rien ; pas un seul mot. Je ne l’ai vu qu’une fois depuis la Noël, et alors ni lui ni moi, nous n’en avons parlé.

Harcourt fit plus de cinquante questions à ce sujet, et toujours avec une ardeur qui témoignait de toute l’importance qu’il attachait à la nouvelle qu’il venait d’apprendre. Bertram répondit à toutes ses questions jusqu’à ce qu’il fût las de parler de son oncle.

— Et qu’importe, après tout, qu’elle soit la petite-fille de mon oncle ou d’un autre ?

— Mais il importe énormément. J’avoue que maintenant je suis surpris que mademoiselle Waddington veuille remettre votre mariage. J’avais jusqu’ici cru comprendre ses sentiments et sa conduite, et je les trouvais admirables. Aujourd’hui, je ne vois plus au juste ce qu’elle veut. Il me semble qu’elle devrait se sentir à l’abri de toute inquiétude pour l’avenir. Que ce soit elle ou vous que choisisse votre oncle pour son héritier, cela reviendra toujours au même.

— Écoutez-moi, Harcourt. Si elle voulait m’épouser demain afin de s’assurer l’héritage de mon oncle, je vous jure que je ne voudrais pas d’elle. Si elle ne me prend pas pour moi seul, et avec ce que je peux faire pour elle, elle n’a qu’à me laisser là.

Ainsi parla fièrement Bertram en se reposant avec son ami sur le sommet d’une montagne d’Écosse, en compagnie d’un paquet de sandwichs et d’un flacon de cognac.

— Alors, mon cher, vous n’êtes qu’un âne, dit Harcourt en vidant le flacon.