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Trinité, si je ne me trompe. Vous vous ferez un devoir de boire avec moi à la santé et à la prospérité de notre ami Bertram. Il y a plus d’un homme de Trinité dont nous avons raison d’être fiers ; mais si je suis doué de quelque perspicacité, si je possède le don de juger les hommes (il faut se rappeler que M. Harcourt, qui n’était qu’un tout jeune homme à Londres, était loin d’être un jeune homme à Oxford), il y en a eu bien peu qui aient atteint une place aussi élevée que celle qui lui est réservée dans l’avenir, et dont le nom ait eu plus de retentissement que n’en aura un jour le sien. Il y a ici des membres d’autres collèges : ils ne verront pas d’un mauvais œil notre triomphe ; ce sont les vieux amis de Bertram, et ils doivent être aussi fiers de l’étudiant d’Oxford que nous le sommes de l’étudiant de Trinité. Messieurs, je bois à la prospérité de notre ami le double-premier et à sa santé, afin qu’il puisse jouir du fruit de son travail.

Le toast fut accueilli avec un prodigieux enthousiasme ; il semblait merveilleux que dix convives pussent faire tant de tapage. Même Wilkinson, dont une petite pointe de vin avait relevé un peu le cœur, sortit des profondeurs de son découragement et joignit son acclamation aux autres.

Bertram, selon l’usage, remercia ses amis avec la modestie d’emprunt qui caractérise le discours de remercîment. Il se rassit, puis, avec un certain embarras et en rougissant, il se releva.

— Au risque de faire momentanément de la peine au meilleur ami que j’aie au monde, je vais vous pro-